le Guerrier

Le Guerrier est un mythe pouvant refléter nos plus belles aspirations. Il nous convie à les incarner et nous guide dans le processus de transformation adéquat. Mythe dans lequel l'Homme trouve le miroir où il peut découvrir le meilleur de lui-même, et ce qu'il en ignore.

Le mythe est l’espérance ancrée en l’Homme qui, malgré tous ses faux pas, nourrit toujours, au plus profond de lui-même, le rêve d’une vie affranchie des contradictions, de l’oppression, de la violence et du tourbillon de la vie en société.

Le mythe est à la société ce que les songes sont à l’individu ; il est le rêve de l’Homme, et nous murmure à l’oreille des promesses de beauté et de liberté. D’Hercule à Quetzalcóatl, de Bouddha au Christ – lequel, étant homme, est transfiguré et divinisé par une vie de purification et d’altruisme – les thèmes sont identiques : celui de l’Homme dont les aspirations profondes surpassent le monde où il vit ; celui du conflit opposant sa pensée à son milieu social ; celui de la lutte, des doutes et des épreuves qu’il doit affronter pour réaliser son rêve, transcender le chaos et la misère de la condition humaine.

Les mythes sont aussi un guide pour l’action. Ils ne sont pas créer pour divertir mais pour prôner des modes d’action permettant à l’Homme de se tirer du chaos où il s’englue. Le mythe est fait pour être vécu (contrairement au dogme qui est fait pour être cru). Il incite à l’action.

Le chemin du Guerrier, de l’être doué de joie et de pouvoir dans le monde quotidien, est un mythe de notre temps. Nul n’est jamais vraiment le Guerrier, mais l’on peut s’efforcer de l’être ; nous sommes sans cesse en chemin. Le mythe du Guerrier est si merveilleux qu’il nous invite à l’incarner et à le rendre, à travers nous, réel.

Il s’agit, pour commencer, d’introduire un peu de ce temps magique dans notre vie quotidienne, quand, au lieu d’agir comme des machines soumises à une programmation étrangère à nous-mêmes, nous choisissons l’action juste et empruntons le chemin du Guerrier. Ces moments de lumière, au cours desquels nous sommes maîtres du sens de notre vie, de ce qui émane de nous, sont semblables au temps magique du rituel.

Toute la difficulté de suivre le chemin du Guerrier consiste à multiplier et à unir ces moments magiques au cours desquels le mythe est incarné, jusqu’à ce que la magie l’emporte sur la soumission, et l’harmonie sur le chaos. Jusqu’à ce que le rêve devienne réalité.

Le Guerrier va vers la Connaissance comme vers le combat : avec crainte, respect et confiance, l’esprit en éveil. Sa geste est la bonne manière de cheminer sur cette voie. Vivre comme un Guerrier est la colle qui lie toutes les parties de la Connaissance. La résolution du Guerrier est l’attitude fondamentale requise sur le chemin de la Connaissance ! S’efforçant de clarifier et de ranimer son lien avec l’Esprit, pour avancer, il a besoin d’une résolution féroce…

La geste du Guerrier n’a rien en commun, ou presque rien, avec les guerres historiques. Elle est totalement étrangère à la violence ou à l’intention de détruire quoi ou qui que ce soit. Il s’agit de se placer sur un autre plan de compréhension. Le Guerrier soutient une lutte permanente, mais contre ses faiblesses et ses limitations, contre les forces qui s’opposent à l’élargissement de sa conscience ; contre celles qui tendent à le réduire, à faire de lui un homme ordinaire, entièrement déterminé par son histoire personnelle et par les circonstances. Le Guerrier préserve la possibilité de choisir ce qu’il veut être et sa manière de vivre. Il lutte pour l’harmonie, la quiétude, et pour la liberté, en sachant que celle-ci naît en lui-même et rayonne dans son champ d’action. C’est une lutte intime, tendre et joyeuse…

La geste du Guerrier est une attitude, une manière de relever, constamment, le défi d’être, qui échappe à toute définition précise ou totalisante ; c’est aussi la fidélité à la façon d’agir la plus authentique. Le signe distinctif du Guerrier est sans doute cette persistance à vouloir atteindre, dans le moindre de ses actes, l’impeccabilité. Pour lui, cela signifie donner en tout le meilleur de lui-même. Même quand ses autres motivations s’effondrent, le Guerrier demeure fidèle à sa façon d’agir, pour l’impeccabilité en elle-même.

De ce concept ouvert jaillit un faisceau d’instructions recouvrant l’ensemble des activités humaines. La discipline de vie du Guerrier lui donne l’équilibre et la force nécessaire pour surmonter, sur le chemin de la Connaissance, les moments difficiles, même quand sa raison est mise en échec ou son ego blessé.

En toute entreprise, on peut choisir d’agir à la manière du Guerrier ; comme celui qui n’abandonne pas la lutte, ne renonce pas, ne tolère ni la négligence ni le renoncement, qui fait du moindre de ses actes un défi, afin de se dépasser, de devenir meilleur, plus fort, plus doux, de concrétiser par l’action sa vie intérieure…

Parmi les armes dont le Guerrier dispose, l’une des plus importantes à nos yeux est la volonté. C’est un pouvoir émanant de l’individu, qui lui permet d’agir sur son milieu et le conduit à livrer des batailles plus importantes que celles dans lesquelles sa raison ose l’engager. Car le Guerrier n’est plus un homme livré aux craintes et aux caprices du mental ; il est fidèle à son sentiment, et la force qui le meut est son énergie qu’il s’est efforcé de préserver et de renforcer.

Le Guerrier dispose aussi de la pleine conscience de sa mort prochaine et fait de chaque acte une ultime bataille, dans laquelle il se doit de donner le meilleur de lui-même. C’est ainsi, avec la mort comme compagne fidèle insufflant le pouvoir à chacun de ses actes, qu’il transforme en temps magique les heures qui lui sont imparties sur cette Terre. La conscience de sa mort prochaine lui donne également le détachement lui permettant de ne lier et ne se refuser à rien. Ainsi détaché de tout, conscient de la fugacité de son existence, et sans cesse en lutte, le Guerrier apprend à diriger sa vie grâce au pouvoir de ses décisions. Il s’efforce à chaque instant de garder le contrôle de lui-même, et parvient de la sorte à maîtriser son monde personnel. Il prend en main le déroulement de sa vie, dont le moindre élément est inclus dans sa stratégie.

Grâce à sa volonté, au contrôle de lui-même et à la stratégie qu’il adopte, le Guerrier, conscient de sa mort prochaine, apprend à réduire à néant ses besoins. Car il voit bien que ceux-ci engendrent les manques et l’infortune. N’ayant besoin de rien, il ne s’inquiète ni ne s’angoisse. Ainsi libéré de la nécessité, tout ce qu’il peut avoir, tout ce qu’il peut recevoir, même la chose la plus humble, la plus simple, est à ses yeux un présent merveilleux, et la vie, quoi qu’il en obtienne, devient pour lui abondance perpétuelle.

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