Le chameau - allégorie de la Voie

Nous avons vu avec la lettre Guimel qu'elle est peut-être le symbole même de la Quête... Nous serions ce chameau, traversant le désert de l'incarnation, en situation d'Exil...

Exil imposé ou volontaire, à chacun d'entendre le mythe de la Genèse. En revanche il nous semble important de comprendre en quoi il informe notre présent ! Car comme dans toute cosmogonie, il n'est jamais question de raconter un quelconque commencement, mais bien de poser un cadre principiel, agissant de tout temps et en tout lieu.

Prendre conscience de cette situation d'Exil pourrait en tout cas être le préalable au début de notre participation plus active dans ce cheminement. Il y a concernant la Voie initiatique, l'idée de s'éveiller... comme si donc, nous dormions auparavant...

Paradoxe dans ce monde où tout semble aller de plus en plus vite ! où tout le monde semble de plus en plus s'activer ! Mais cette agitation ne mène cependant nulle part du point de vue ésotérique, sinon à reproduire sans cesse les mêmes illusions - donc les mêmes souffrances. Il y a l'idée de tourner en rond, autour de centres (notre monde moderne nous en propose à foison !) qui nous sont toujours plus ou moins subtilement imposés. L'idée de la Quête est de retrouver son propre centre, sa propre direction ! Autrement dit de devenir maître de sa vie.

Comment préciser en quoi consiste ce cheminement ? Les lettres précédant et suivant Guimel vont nous éclairer...


Beit précède Guimel, elle est rappelons-le le "lieu" de l'incarnation et l'incarnation elle-même, avec les Lois qui lui sont associées, par exemple celle des causes et des effets. Arrêtons-nous un instant sur ce terme d'incarnation... S'in-carner, c'est littéralement "être à l'intérieur d'un corps de chair". Nous pourrions entendre notre situation d'Exil par cette réalité pour commencer, sous-entendu qu'un autre état l'a précédée.

Cette incarnation, cette descente dans la matière, a pour corollaire un état d'amnésie. Oubli d'où nous venons, mais aussi de qui nous sommes et où nous allons. Cette perte de sens, de direction, est principalement ce qui nous fait "tourner autour de centres qui  ne sont pas les nôtres". La vie matérielle et toutes ses contingences nous absorbent complètement, au point de vivre finalement de manière très mécanique. Cela entraîne souvent des situations absurdes d'ailleurs, tant du point de vue micro que macrocosmique. 

Il y a bien, généralement lors de l'adolescence, un début de quête de sens, mais celle-ci est très souvent vite balayée ou oubliée sous prétexte d'irrationalité ou de non pragmatisme. "Redescend sur Terre" entendons-nous alors... ou "ça ne va pas te nourrir tout cela". Les prisonniers deviennent les geôliers de notre matrice, génération après génération... Aller à contre-courant de cette coercition (qui peut d'ailleurs devenir assez violente) demande alors toute l'énergie du Guimel. Regardez bien cette Lettre s'extirper du Beit...

Cependant un événement traumatique, ou cette crise que l'on appelle celle de la quarantaine (qui n'est pas sans rapport avec les cycles astrologiques...) peut venir remettre le questionnement métaphysique sur le devant de la scène.

Qui suis-je ? Cette question, nous la retrouvons dans toutes les traditions ésotériques et nous comprenons peut-être mieux pourquoi désormais. Associons le symbolisme du chameau à cette question... cet animal qui porte en lui les réserves qui lui sont nécessaires à la traversée du désert, d'oasis en oasis...

Puis, quelle est ma tâche ? Quel est le sens de mon incarnation ?

C'est cette fois Daleth, qui suit Guimel, qui va nous informer. Daleth, c'est la porte et aussi la pauvreté. Une fois le chameau que nous sommes lancé dans la Quête et pour que notre chevauchée ne se déroule pas uniquement dans l'horizontalité ou encore dans l'accumulation, il va s'agir de passer des portes... initiatiques.

Tout le monde se retrouve face à ces portes, dont la traversée semble avoir pour but de nous rendre plus pauvre au passage, mais en revanche personne n'a la même conscience de ce qui est en train de se jouer alors. Le degré de conscientisation de l'épreuve (et bien sûr son passage effectif) sera la mesure du saut qualitatif réalisé.

Guimel est ce mouvement entre l'événement et sa port-ée symbolique. Il va s'agir d'extraire l'essence de l'épreuve et toujours plus se dénuder... car souvenons-nous, la Chute nous a "habillé" !

Cet aller-retour qui nous transforme se déroule dans le quotidien, dans l'ordinaire de la vie quotidienne. En perce-voir le merveilleux relève de la conscience... La Voie a donc très peu à voir avec l'extraordinaire si vous suivez bien le sens pris par cette réflexion ! Et derrière la symbolique parfois merveilleuse voire obscure des disciplines ésotériques, il nous semble qu'il ne faille jamais bien s'éloigner du quotidien et de l'ordinaire si l'on souhaite ne pas rater le coche...

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